Pour les passionnés de PORSCHE
 

Remplacement de la GT3 par une 964 RS         

Encore un épisode de plus dans ma recherche de la 911 qui me convient. Le premier aurait pu s’intituler : comment faire évoluer une 993 C2 en pistarde à un point tel que finalement le compromis n’y était plus…

Le deuxième aurait pu avoir pour titre : comment trouver le bon compromis malgré les dires de ceux qui savent pour finalement sombrer lamentablement dans un gouffre financier. Je vous passe les épisodes entre deux où d’un côté on cherche un complément et de l’autre une belle noire pour un ami. Bref, mon chemin a commencé par un accident en 964, puis par l’achat d’une 993 C4 noire dont la couleur et la main ont changé entre temps (tout en restant dans le club) puis par son remplacement par une 993 C2 pistardisée au fur et à mesure puis une SC suivie d’une 964 et enfin une belle à eau sous la forme de la GT3 Clubsport de 1999 un poil pistardisée également.

Mon ressentiment jusqu’à présent était que la 964 a la gueule que je préfère. Et sur les photos où je vois ma Nonomobile grise en action devant ou derrière une 964 et bien c’est la 964 que je préfère. La 993 a ce côté mi-moderne, mi-ancienne qui me gêne. La GT3 pour ça était plus en osmose. Des phares tout aussi inclinés mais un pare-brise au diapason. Il existe une certaine antinomie dans la 993 qui ne m’a jamais totalement convaincue esthétiquement parlant. Ma première 964 revendue avec tristesse m’a toujours manquée et je ne pourrais pas l’expliquer et c’est surtout la fiabilité de la 993 qui m’a fait opter pour cette génération.

Quoi qu’il en soit. La 964 C4 est une voiture sympa et équilibrée. J’ai eu quelques soucis essentiellement dus au fait du millésime (pré 91) mais dans l’ensemble ça allait. La 993 C2 quant à elle reste un excellent souvenir et une efficacité extraordinaire malgré un poids encore trop important.. Je l’ai vendue pour de mauvaises raisons, d’abord je cherchais un compromis, c'est-à-dire soit une voiture pouvant faire ballades et piste soit deux 911 complémentaires et donc d’un côté la 993 était trop typée piste et de l’autre acheter une deuxième 911 signifiait monter la première sur une remorque et plusieurs contraintes m’en empéchaient.

Je l’ai donc revendue. Par ailleurs, j’ai investi en totalité quasiment l’équivalent du prix d’une 993 RS à l’époque (achat de l’auto comprise) et elle avait déjà 145000 km. Si je l’avait gardée encore 1 an de plus, elle aurait eu 15000 km de plus (comme les années précédentes) et aurait été encore plus difficile à revendre. Je me souviens avoir livré ma Nonomobile le 3 novembre pour permettre à JM d’en profiter sur la piste aussi sec. J’ai mis moins d’une semaine pour trouver la remplaçante. J’avais toujours les deux options possibles, trouver une caisse de circuit légère à transporter sur remorque et trouver un complément ou prendre un compromis. Après avoir loupé une 964 N/GT flambante puis une 964 Cup fatiguée, je repère une annonce pour une GT3 Clubsport de 99 à 39000€. Et je fonce, tête baissée, malgré les avertissements des experts. Et une fois de plus je me rends compte que le prix de vente ne fait pas tout. Une erreur de plus à mon palmarès. Espérons qu’elle servira à d’autres.

Je vous passe les soucis de boîte bien connus puis la liste désespérante des réparations effectuées sur l’auto (je suis toujours en conflit avec le garage qui me l’a vendue et je suis très proche du procès). En fait, la GT3 a vraiment été une erreur car comme me l’ont dit ceux qui ont plus d’expérience, le compromis n’existe pas. Vous aurez beau tourner le truc dans tous les sens, rien n’y fait. Cette voiture est quand même extraordinaire, je ne le nie en aucun cas, elle donne du plaisir, je ne le nie pas non plus. Sans trop forcer, j’ai amélioré mon temps à Dijon par exemple de 3 bonnes secondes en sachant que les pneus de la GT3 étaient à l’agonie. C’est aussi un problème sur lequel je reviendrai.

La puissance est au rendez-vous, le grip phénoménal, la facilité de conduite aussi malgré le poids qui se fait sentir tout comme le freinage. Et c’est aussi cela son point faible. Le but premier d’une voiture faite pour la piste n’a jamais été d’être facile à conduire. Ce sont des voitures « d’homme » qui désobligent toute forme de confort quelle qu’il soit. Et du coup, les temps au tour diminuent et on en arrive à doubler de plus en plus de monde et à se retrouver bien seul sur le circuit. Bien entendu je ne parle pas de certains monstres de certains clubs mais tout de même, bien emmenée, cette GT3 ne se faisait pas larguer si facilement par certaines Cup du 911 IDF.

Tout ceci a également pour conséquence que l’auto souffre davantage. Les contraintes montent d’un cran et c’est toute la mécanique qui en prend un coup. Le porte-monnaie aussi… Depuis que le moment où j’ai fait l’acquisition de la GT3, aucune sortie ne s’est faite sans problème. Après le remplacement d’une partie de la boîte de vitesses, une sortie donnait lieu à une fuite des amortisseurs, une autre, c’était les cardans, ensuite les disques de freins puis les trapèzes avant puis le tassement des amortisseurs puis les uniball de suspension avant, ensuite la seconde qui lâche, pour finir par des éclatements de bandes de roulements du pneu arrière gauche sans oublier le support de boîte occasionnant des vibrations insupportables ou encore des BBS qui se fissurent et la pose d’un système de refroidissement supplémentaire de la boîte suite à un second bris de synchro acier de seconde vitesse remplacée juste avant la vente par un modèle moins radical. Ah j’oubliais aussi la fuite d’huile au moteur qui projetait des micro-gouttes sur tout l’arrière de la bête lors des sorties circuit.

Tout ceci a non seulement la fâcheuse tendance à finir par vous faire haïr la voiture en question mais en plus de ça, les factures s’accumulent (et je ne parle ni de la préparation de la belle ni de son entretien) à tel point qu’on ne prend même plus de plaisir et qu’on ne pense plus qu’à vendre l’auto. Ce qui sera fait 8 mois après son acquisition…

Encore une fois, sur certaines sorties comme à Dijon ou à Spa et avec des Michelin Sport Cup, on se prend à jouer les apprentis-pilotes et à doubler encore et encore et c’est vraiment bandant. Mais le rapport plaisir/coût est disproportionné et surtout le fait de ne pas pouvoir dépasser une bonne vieille 964 RS certes bien préparée et avec un pilote bien meilleur m’a fait dire à un certain moment que les autres avaient raison et que la voiture ne faisait pas tout (surtout la GT3).

Je ne dénigre pas les qualités intrinsèques de la GT3 mais tous les éléments mis bout à bout additionnés à la hargne de certains pistards à me convaincre de changer de monture m’ont convaincu définitivement. D’ailleurs, je me rends compte qu’il ne faut pas chercher à aller trop vite ou faire trop de piste avec cette voiture et c’est pourquoi elle convient à pas mal de Porschistes roulant relativement peu sur circuit et à « allure modérée », ce qui donne l’occasion à certains possédant des montures plus modestes soit de pester soit de se moquer de ces « péniches » qui servent de chicanes mobiles sur la piste ;)

Je revends donc la belle après encore quelques frais pour la rendre parfaite pour quelqu’un qui veut faire de la piste sans commencer comme moi par mettre de l’argent sur la table. La page est tournée.
La suite se devine facilement. Naïf et influençable, je cède aux pressions de la majorité et me met en quête de la grenouille reconnue comme être la pistarde idéale à beaucoup de points de vue : la RS 92. Je reconnais que le fait pour Pat789 de chercher à en retrouver une après avoir goûté à la 993 RS CS a fini de me convaincre. Malheureusement, il n’y en a pas à vendre en Suisse et les frais d’import d’une belle de France m’empêchent d’envisager cette solution.

Un heureux hasard veut que mon mécano (ami de Pierre Ofzky) apprenne que l’un de ses clients part à la retraite et envisage de se séparer de sa RS dans les mois qui viennent. Ni une ni deux, je contacte Ofzky et prend rendez-vous pour venir voir la belle. Il pleut ce jour-là et quand j’arrive, Pierre m’indique qu’il n’a pas les plaques de garage suite à une course urgente de son apprenti. Je fais le tour de la bête, elle est Fuchsia avec les jantes jaunes. Je connais déjà une partie de son historique mais je lui pose pas mal de question et il a en sa possession une pile de factures remontant quasiment jusqu’au début et qui montrent un entretien très poussé de la machine. La carrosserie a subit les affres du temps, de la rouille superficielle a même touché l’embase du pare-brise mais le moteur est propre, ne pisse pas son huile, les amortisseurs sont neufs tout comme les disques et les plaquettes et la révision vient d’être effectuée.

Quelques légères modifications : des durits aviation, un arceau cage sur mesure avec barres latérales, des harnais, une barre anti-rapprochement, un volant de 968 CS et un re-tarage des amortisseurs. Elle a toujours son capot alu d’origine et 8 roues Cup 1 de 3.3 Turbo en alu mais pas de traces des magnésium d’origine. La voiture participait à la Porsche Cup au sein du Club Porsche Romand et devait rester d’origine. Son propriétaire et conducteur était assez cool au volant et bien connu de pas mal de monde comme prenant soin de sa belle. Le prix proposé est attractif mais j’ai besoin encore de négocier pour inclure le coût d’une peinture complète.

Ce sera fait deux jours plus tard autour d’un petit verre de blanc car le propriétaire est vigneron de son état et il est ouvert à la discussion. Nous nous mettons d’accord sur le prix : 39000€ (marrant le même montant auquel j’ai acheté la GT3 à l’époque). Le samedi suivant, je livre la GT3 et prend livraison juste après de la RS que je peux enfin essayer pour la première fois ! Et mes premières impressions sont vraiment bonnes : la voiture est légère et ça se ressent tout de suite et d’autant plus que je viens de quitter une « péniche » ;). Elle freine fort et l’attaque de la pédale est soudaine et rapide. La direction non-assistée n’est pas très pratique en ville surtout en tenant compte du rayon de braquage mais comme ce n’est pas son terrain de prédilection, je m’en fous un peu… Bien entendu, la puissance (en sachant qu’elle est d’origine) n’est pas au niveau de la GT3 mais le poids compense en partie et elle n’est pas équipée de pont court comme l’autre.

Première sortie circuit à Bresse une semaine plus tard, juste le temps de trouver un volant et un moyeu (c’est fou ce qu’on apprécie pas les volants trop proches du tableau de bord quand on a goûté au 3 branches tulipé…) mais qui n’iront pas (volant trop petit, trop près et de surcroît en cuir). En plus je ne connais pas la voiture et je ne suis pas fana du circuit… Une fois rentré et mitigé, elle part chez Vito pour le désaccouplement de la boîte (afin de faire une vérification complète et monter le pont court) et ensuite chez Pierrot le carrossier fou pour une peinture complète avec changement de tous les joints nécessaires mais aussi des plastiques abîmés (dont ceux d’intérieurs d’ailes (150€ pièce, bonjour le vol). Les vacances n’aidant pas, je ne récupère ma belle flambante que le jeudi avant de partir en vacances et reçoit mes jantes de retour de réfection et thermo-laquage que le lendemain. Vito a juste le temps de remonter la boîte et remplacer aussi les butées d’amortisseurs qui s’étaient tassées.

La peinture complète a été l’occasion de soulever le capot alu vraiment très léger et de confirmer que tous les éléments de carrosserie sont d’origine et que la belle n’a jamais tapé, ce qui confirme ce que j’avais entendu. Mon carrossier me félicite même pour mon achat. Je récupère donc ma RS le vendredi soir et la laisse dans un parking sécurisé pendant ma semaine de vacances en Espagne. De retour le samedi suivant, elle me revient toujours aussi belle et je fonce vers Lurcy-Lévis pour une nuit de repos bien méritée après un bon repas avec Jenfi, Chris et Enzo, un ami à qui j’ai vendu ma 964 noire.

Le lendemain, les choses sérieuses commencent. C’est pour moi le vrai baptême avec ma 964 sur un circuit que j’aime bien et que je n’ai pourtant roulé qu’une fois en tant que conducteur. Ca n’est pas facile et malgré de bons conseils le soir précédent sur certaines trajectoires, je ne trouve pas encore mes marques. La matinée me permet de faire une petite arsouille avec Arno et sa grenouille noire et orange mais j’arrive à peine à le suivre et veut encore une fois aller trop vite trop tôt… Mon orgueil en prend un coup et même si je sais que la belle d’Arno marche fort, son pilote aussi et je ne suis pas. Pour autant, je me rassure à moitié en me disant que je peux repasser quand même en groupe 3 car je ne suis pas trop ridicule.

Un bon pavé de Charolais trop cuit le midi et la session libre de l’après-midi reprend. Cette fois, je m’applique et repense à des conseils encore glanés le matin même et ça commence à venir. Je rétrograde moins et reste davantage sur le rapport supérieur. J’essaie d’être moins brutal (je l’étais encore pas mal avec la GT3) et j’arrondis le plus possible tout en augmentant les vitesses de passage en courbe. J’essaie de ne pas trop retarder les freinage et peaufine les trajectoires (rigolo d’ailleurs de voir que le cône placé au fond à gauche de l’épingle n’est respecté par personne puisque tout le monde coupe systématiquement tout droit à l’intérieur). Je fais quelques têtes à queue salutaires car ils me permettent de voir où son mes limites. Les glisses se font plus rares (rien qu’à la sortie de l’épingle, le fait de repartir fort me faisait glisser systématiquement). Comme je l’ai dit, j’ai presque l’impression d’aller moins vite mais en regardant certaines vitesses de passage en courbe, c’est le contraire. La voiture est encore un peu trop sous-vireuse à mon goût et je n’arrive pas encore très bien à inscrire le train arrière dans l’escargot d’avant la ligne droite mais je prends de plus en plus mon pied…

La dernière session du groupe 3 arrive et j’embarque Enzo (qui a roulé pratiquement toute la journée avec un moniteur) avec moi. Il tourne en 1.27 avec sa 964 C4 avec uniquement comme prépa des ressorts HR et le désaccouplement de la transmission avant. Il roule même avec les Design 90 en 16. C’est pour nous deux une révélation. Pour lui parce qu’il se rend compte de la différence entre une C4 et une RS à tous points de vue et pour moi parce que voulant encore mieux faire, je me régale et la voiture réagit au doigt et à l’œil. Je prends vraiment un pied d’enfer. Arno a pris la piste à son tour et je le vois au loin qui double des voitures mais nous resterons à distance (lui aussi avec un passager) et nous tournerons avec Enzo quasiment jusqu’à la fin. Un vrai bonheur et une délivrance aussi : la GT3 est oubliée et même si je ne doublerai sûrement pas autant de monde qu’avant avec ma belle, les sensations ressenties sont indescriptibles. On a l’impression de faire corps avec sa machine, de ressentir les moindres mouvements de caisse, les moindres battements de son flat 6 qui ronronne de manière plus virile que la 993 ou la GT3. C’est un autre monde, je suis heureux. Pour la deuxième fois de la saison je prends mon pied et comme je l’ai dit aussi, sans aucun problème mécanique. Rien ne fuit en dessous, les 17 me vont très bien pour le moment en tout cas sur ce genre de circuit et j’ai une super position de conduite.

C’est marrant, je me suis vu rattraper Bertrand au volant de la 996 Cup qu’il partage avec Gourou mais bien vite il remet les pendules à l’heure et je ne le reverrai plus… Celui qui m’a donné du fil à retordre : la 964 Cup de Cap Maîtrise mais il est seul au volant, c’est un vrai pilote et il est en slicks, faut bien que je me trouve des excuses :D:D:D

Au final, je ne regrette pas mon choix, je me répète mais c’est LA 911 que j’aurais dû acheter dès le début au lieu de dépenser de véritables fortunes dans des bitzas ou des péniches. Maintenant, je vais d’abord continuer à rouler et me faire plaisir et on verra. Le virus de la préparation me titille toujours mais si je me retrouve encore une fois avec une grenouille tellement performante que je serais un peu tout seul, bof bof. En tout cas, j’ai hâte d’arsouiller de nouveau avec les potes et je conseille à tous ceux qui recherchent une GT3 de tester en premier une RS 92 en relisant bien la pseudo analyse que j’ai essayé de faire des deux.

Les photos !

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